La vie peut être dure parfois. Pour moi, cette année de début 2001, a été la plus dure de toute ma vie. Ma mère se battait depuis plus ou moins un an contre son cancer du sein et le jour de la fin de son combat approchait, nous le savions très bien.
Malgré tous les traitements suivis, (protocole des USA, chimiothérapie, opération et radiothérapie) la vie m’a enlevé la personne la plus précieuse que j’avais depuis mon enfance. Ma mère.
De plus, je vivais à ce moment-là plusieurs deuils, la perte d’un emploi qui se ferait le 16 février, mon déménagement et ma séparation avec le père de ma fille.
Ce 16 février 2001 restera gravé à jamais dans mon corps, dans mon cœur.
J’y ai perdu ma mère, ma meilleure amie et mon phare dans la vie. Ma mère s’est battue jusqu’à la toute fin, essayant de ne pas montrer sa douleur, par orgueil sûrement, car elle était forte ma maman. C’était la personne la plus forte que je connaissais et qui ne s’en laissait pas imposer.
Le diagnostic de sa mort imminente est survenu le jour de la fête de ma fille, le 7 janvier 2001. Mon père qui avait appris la nouvelle venait à la fête de ma fille, il a demandé au nouveau conjoint de ma mère de ne pas m’aviser de la terrible nouvelle, mais qu’il préférait le faire lui-même. J’ai donc su que ma mère décéderait d’ici 1 mois 1/2.
Un jour en visite, j’ai pris mon courage à deux mains avant de quitter l’hôpital pour lui demander ces dernières volontés. Ma mère lorsque je lui parlais niait toujours le fait qu’elle allait mourir, donc c’était pour moi très ardu de lui demander ce que nous ferions après son décès.
Lors d’une de mes visites à l’hôpital, ma mère m’a dit qu’elle ne voulait pas rester ici pour mourir. Avec son accord, celui de son conjoint et ma signature pour la décharge (mon frère n’étant pas présent), je devais signer, car il semblerait que sa colonne vertébrale ne tenait que par un fil et que tout mouvement pouvait la paralyser à jamais. J’ai exaucé son vœu et l’ambulance a donc pu transporter ma mère chez son conjoint de l’époque.
Une infirmière passait tous les jours prendre sa pression, voir son état général, etc… Mais plus le temps passait et plus ma mère n’était plus le reflet d’elle-même, maigre à en faire peur, sans véritable discussion, souvent partie à cause de la drogue. Elle dormait avec un ourson blanc que j’ai donné à ma fille après son décès et elle croyait que c’était un vrai animal.
Mon frère est descendu du Yukon, je ne me souviens plus de la date, mais je sais que c’était en février. Je me souviens qu’elle l’attendait, je ne sais pas pourquoi la plupart des gens qui vont mourir tiennent jusqu’à la toute fin pour avoir auprès d’eux leur famille.
Le 14 février, jour de la St-Valentin, je suis parti de mon bureau qui allait fermer de toute façon et j’ai décidé de passer le plus de jours possible avec ma mère. Ma fille se faisait garder soit par son père, mon conjoint ou bien était à la garderie.
Le lendemain moi et mon frère avons parlé à ma mère et lui avons dit qu’on l’aimait beaucoup et que nous aurions de la peine, mais qu’elle devait partir. Que nous ne voulions plus qu’elle souffre, son corps n’en pouvait plus. Nous l’avons veillé, mais elle s’est encore entêtée.
Et puis finalement, ce matin du 16 février est arrivé.
Nous savions que quelque chose n’allait pas en voulant changer les draps de son lit, ma mère a commencé à demander de plus en plus de morphine et lorsque l’infirmière est passée, ses pieds étaient gelés. Nous n’arrivions pas à les réchauffer avec nos mains ni avec l’aide d’une bouillotte.
Sa pression était extrêmement basse, mon frère, moi et Paul on s’est regardés et on savait que ce serait aujourd’hui. Paul était parti au dépanneur et dès qu’il est revenu, c’était encore plus évident, mon frère qui savait que les Amérindiens faisaient un rite autour du lit des personnes qui allaient décéder, s’est mis à faire le tour du lit de ma mère en chantant. Ma mère était à moitié Montagnaise du côté de sa mère.
On s’est ensuite installé à ses côtés mon frère et moi en lui tenant la main et Paul était en face d’elle. Nous lui avons encore dit à quel point nous l’aimions tous. Son souffle a commencé à être saccadé et son corps montrait des signes qu’elle s’en allait peu à peu et tout à coup, Paul nous a dit qu’elle le regardait, mais ne le voyait plus. On savait à ce moment-là qu’elle partait pour un monde meilleur. Nous l’avons donc laissé aller.
Ça tellement été dur, encore aujourd’hui juste à y penser j’en pleure encore et cela va faire 18 ans qu’elle est partie. Perdre sa mère c’est comme se perdre soi-même. Je me suis concentré sur ma fille, grâce à elle j’ai réussi à surmonter ma tristesse et foncer dans la vie comme ma mère m’avait si bien enseigné. Je n’ai pas eu besoin de voir un psychologue, car j’avais plein de gens dans mon entourage pour m’aider. Si vous en ressentez le besoin il y a toujours le soutien aux proches : https://rubanrose.org/soutien-ressources/soutien-aux-proches
Encore aujourd’hui, chaque fois que la chanson d’Annie Villeneuve “Un ange qui passe” joue, je ne peux que penser à elle, car c’est mon histoire d’une certaine façon. https://www.youtube.com/watch?v=7UHynhCqLHc
Pour ceux que ça intéresse, voici un texte que j’ai écrit il y a de cela plusieurs années pour le magazine Clin d’œil qui a été mis sur le page Facebook. https://www.facebook.com/magazineClindoeil/photos/a.10150226026915493/10150276217980493/
Il y a de cela presque 4 ans, j’ai pris la décision d’avoir mon deuxième tatouage et je voulais qu’il soit symbolique. Bien sûr j’avais des photos, son urne, des souvenirs, mais je voulais qu’elle me suive pour toujours. Je me suis donc fait tatouer le ruban du cancer du sein au poignet.
J’ai d’ailleurs faire un post Instagram qui dit ceci « Dorénavant tu me suivras pour toujours. Lorsque j’aurai des incertitudes dans ma vie, je me rappellerai à quel point tu m’as transmis ta force et ton courage et je surmonterai tous les obstacles. Tu es dans mon cœur et ma tête à tout jamais depuis 14 ans. Je t’aime Maman #Faydesbois (son surnom). »
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